Cameron 2 : la revanche des tories
Les sondages prédisaient une élection difficile mais c’est un vote de confirmation sans appel qui a sanctionné ces sélections, donnant aux conservateurs la majorité absolue pour, cette fois-ci, gouverner sans partage.
Avec 331 sièges sur 650 les tories n’auront besoin de l’aval de personne pour gouverner et se sont débarrassés des centristes pro-européens du LibDem avec qui ils formaient une coalition jusqu’ici mais auquel ils ont imposé leur agenda. Les centristes, dont l’une des promesses phares avait été de conserver des droits d’inscriptions corrects, avaient dû adopter le programme conservateur comprenant de fortes hausses de ces frais, et ont donc logiquement été sanctionnés passant de 57 à 8 sièges. Les europhobes du UKIP pourtant promus à une large victoire au vu du sentiment europhobe en Grande Bretagne n’ont pas pu capitaliser sur cet avantage et n’ont remporté qu’un siège, la campagne tournant finalement assez peu sur le thème de l’Europe et plus sur des problématiques comme la réforme du National Health Service. De plus la promesse de Cameron de tenir un referendum en 2017 sur le maintien de la Grande-Bretagne dans L’Union Européenne a achevé le parti de Nigel Farage. Ce dernier est revenu sur sa promesse de démission en arguant que son parti l’avait refusée.
Autre démissionnaire Ed Miliband, leader du Labour qui avait évincé son frère pour prendre la tête du parti, a annoncé son départ sitôt le résultat connu. La défaite, 232 sièges, est la pire enregistrée par le parti depuis très longtemps et les partisans du New Labour de Tony Blair sont de suite monté au créneau pour dénoncer l’approche très à gauche d’ « Ed le rouge » et en préconisant un recentrage urgent du parti. Le Labour a énormément souffert en Ecosse où le parti indépendantiste, le SNP, a raflé 56 sièges sur les 59 du pays en défaisant mêle des cadres du Labour avec des candidats débutants. Nicola Sturgeon, élue à la tête du parti après l’échec du référendum sur l’indépendance de l’Ecosse, est désormais une opposante de choix, contrôlant le parlement Ecossais.
Les regards se tournent donc vers 2017, Cameron ayant annoncé qu’il ferait campagne pour une sortie de l’Union si Brucelles ne cède pas à nouveaux aux exigences britanniques.
Mais les européens sont moins enclins que jamais à accepter ces termes, surtout après les dernières décennies où la Grande-Bretagne s’est servie de l’Union pour accéder à son marché tout en torpillant la moindre tentative d’approfondissement politique et en exerçant un chantage économique permanent pour contribuer le moins possible au budget. Les européens ne voient plus d’un si mauvais œil un départ de l’Union même s’il reste utopique. En effet les milieux d’affaire proches des tories sont conscient de ce qu’il y aurait à perdre et sont opposés à cette éventualité mais Cameron mise au final sur un maintien dans l’Union, la solution la plus probable même si deux tiers des conservateurs sont europhobes. Au final les tories sont plus libres que jamais d’appliquer leur programme mais pour quoi faire ? Les principales réformes sont passées en début de mandat dernier. La question est donc : que va bien pouvoir faire Cameron maintenant qu’il en a les moyens ?